La démocratie telle qu'elle devrait être

Kees Boeke
Traduction par Claire Mazeau-Karoum & Fabien Chabreuil

Kees Boeke (1884-1966) était le fondateur de l'École de la Communauté Werkplaats en Hollande, où trois des enfants de la Reine Juliana firent leurs études. À la fin de la dernière guerre, il a été emprisonné par les Allemands pour avoir caché des Juifs. Dans sa poche, on trouva une déclaration intitulée Non à la dictature qui faillit le faire condamner à mort. Il s’agissait d'un modèle pour une sorte de société démocratique basée sur l’expérience de son école et les réunions des Quakers. Cet article, publié pour la première fois en mai 1945, est une version condensée de la théorie qu'il élabora à partir de son projet initial.

Kees Boeke et Maria MontessoriNous sommes si accoutumés à considérer la règle de la majorité nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie qu'il est difficile de concevoir un système démocratique pouvant fonctionner sans elle. Il est vrai qu'il vaut mieux compter les voix que les faire taire et que, même dans son état actuel, la démocratie a beaucoup à apprendre aux autres pratiques. Néanmoins le système des partis est très loin de répondre à l'idéal de démocratie dont rêve le peuple. Ses faiblesses sont devenues suffisamment claires : débats sans fin au Parlement, rassemblements de masse où les passions les plus primitives s'éveillent, rejet par la majorité de tous les points de vue différents, résultats capricieux et douteux des élections, et action du gouvernement rendu inefficace par la persistante opposition de la minorité. D'étranges effets pervers se sont aussi manifestés. Non seulement un parti peut obtenir des votes par des méthodes sournoises déplorables, mais, comme nous le savons tous, un dictateur peut gagner une élection en étant soutenu par une « surprenante » majorité obtenue par intimidation.

Nous considérons depuis si longtemps le système actuel comme acquis que beaucoup de personnes ne réalisent pas que le système des partis et la règle de la majorité ne sont pas des pans essentiels de la démocratie. Si nous voulons voir l'ensemble de la population s'unir, comme une grande famille au sein de laquelle les membres se soucient de l'intérêt des autres comme du leur, nous devons mettre de côté le principe quantitatif du droit du plus grand nombre et trouver un autre moyen de nous organiser. La solution doit être vraiment démocratique dans le sens où elle doit permettre à chacun d'entre nous de participer à l'organisation de la communauté. Mais ce genre de démocratie ne doit pas dépendre d'un quelconque pouvoir, même pas du pouvoir de la majorité. Cela devra être une véritable démocratie communautaire, une organisation de la communauté par la communauté elle-même.

Pour définir ce concept, j'utiliserais le mot “sociocratie”. Un tel concept serait de peu de valeur s'il n'avait jamais été mis en pratique. Mais sa validité a été brillamment démontrée au fil des années. Quiconque connaît l'Angleterre ou l'Amérique a entendu parler des quakers, la Société des Amis. Ils ont eu beaucoup d'influence dans ces pays et sont reconnus pour l'utilité de leur travail social. Depuis plus de trois cents ans, les quakers utilisent une méthode d'auto-gouvernement qui rejette le vote à la majorité, l'action du groupe ne pouvant être mise en œuvre que lorsque l'unanimité a été atteinte. Moi-même j'ai découvert, en testant cette méthode dans mon école, qu'elle fonctionne vraiment, à condition que soit reconnu que l'intérêt des autres est aussi réel et important que le sien. Si l'on commence avec cette idée fondamentale, émerge un esprit de bonne volonté qui peut unir des personnes de tous les niveaux de la société et aux points de vue les plus divers. Cela, mon école, avec ses trois à quatre cents membres, l'a clairement montré.

École Werkplaats fondée par Kees Boeke

En conséquence de ces deux expériences, j'en suis venu à croire qu'il devrait être possible qu'un jour les gens se gouvernent eux-mêmes de cette manière à une tout autre échelle. Beaucoup seront très sceptiques sur cette éventualité. Nous sommes tellement habitués à un ordre social où les décisions sont prises par la majorité ou par une personne unique que nous ne réalisons pas que si un groupe fournit son propre leadership et qu'une action n'est entreprise qu'après accord unanime, apparaît alors une ambiance totalement différente de celle de la règle de la majorité. Il y a deux exemples de la sociocratie dans la pratique ; espérons que ces principes pourront être appliqués à une échelle nationale, puis internationale.

Avant de décrire comment le système peut être mis en œuvre, nous devons d'abord définir quel est vraiment le problème. Nous voulons qu'un groupe de personnes parvienne à une entente commune que tout le monde respecte et applique. Il n'y aura pas de conseil de direction choisi par la majorité ayant le pouvoir de commander les individus. Le groupe lui-même doit prendre une décision et s'entendre tout en ayant à l'esprit que chaque individu dans le groupe exécutera cette décision et honorera cet accord. J'appelle cela l'autodiscipline du groupe. Cela peut-être comparé à l'autodiscipline d'un individu qui a appris à s'appliquer certaines exigences auxquelles il obéit.

Il y a trois règles fondamentales qui soutiennent le système. La première est que l'intérêt de tous les membres doit être considéré, l'intérêt individuel s'inclinant devant l'intérêt collectif. Deuxièmement, les solutions doivent être recherchées de telle sorte que tout le monde les accepte : autrement aucune action ne peut être entreprise. Troisièmement, tous les membres doivent être prêts à agir conformément à ces décisions lorsqu'elles sont prises unanimement.

Le principe qui sous-tend la première règle n'est rien d'autre qu'une attention à son entourage, et le cas échéant, lorsqu'il y a de la sympathie pour les intérêts des autres, lorsqu'il y a de l'amour, se crée un esprit dans lequel une réelle harmonie est possible.

Le deuxième point doit être examiné plus attentivement. Si un groupe, quel que soit le contexte, est incapable de décider un plan d'action acceptable pour tous, il est condamné à l'inactivité ; il ne peut rien faire. Cela peut arriver même aujourd'hui quand la majorité est si faible qu'aucune action efficace n'est possible. Mais dans le cas de la sociocratie, il y a une issue car une telle situation stimule ses membres pour trouver une solution que tout le monde accepte, peut-être sous la forme d'une nouvelle proposition à laquelle personne n'avait songé auparavant. Alors que dans le système des partis, les désaccords accentuent les différences et avivent les divisions, dans un système sociocratique, à partir du moment où l'on réalise que l'accord doit être atteint, cela active une recherche commune qui soude le groupe. On doit ajouter quelque chose ici. Lorsqu'aucun accord n'est possible, cela signifie souvent que la situation actuelle doit demeurer telle quelle pour le moment. On pourrait croire qu'alors le conservatisme et la réaction vont régner et qu'aucun progrès ne sera possible. Mais l'expérience a démontré que c'est le contraire qui se produit. La confiance mutuelle qui fonde la société sociocratique conduit inévitablement au progrès, c'est particulièrement visible quand tout le monde avance autour de quelque chose qui a recueilli l'accord de chacun. Bien sûr il est clair qu'il y aura des réunions de « plus haut niveau » avec des représentants choisis, et si un groupe doit être représenté dans de pareilles occasions, cela devra être par quelqu'un en qui tout le monde a confiance. Si cela ne s'avère pas possible, alors le groupe ne sera pas représenté du tout dans ces réunions, et ses intérêts devront être protégés par les représentants des autres groupes. Mais l'expérience a montré que la représentation n'est pas une question de pouvoir mais de confiance, et que le choix de la personne la plus adéquate peut être fait aisément et sans dissensions.

Le troisième principe signifie que lorsque l'accord est atteint, la décision s'impose à tous ceux qui l'ont prise. Ceci s'applique aussi aux décisions des réunions de plus haut niveau pour ceux qui y ont envoyé leurs représentants. Le fait que chacun doive appliquer des décisions sur lesquelles il n'a eu qu'une influence indirecte est un risque de difficultés. Ces difficultés existent pour toutes les décisions de ce type, y compris dans le système des partis. Mais cela est beaucoup moins dangereux lorsque les représentants sont choisis par consentement mutuel et donc inspirent beaucoup plus confiance.

Un groupe fonctionnant de la sorte doit avoir une taille particulière. Il doit être suffisamment gros pour que les sujets personnels traités puissent être abordés objectivement dans les discussions, mais suffisamment petit pour rester maniable de sorte que l'atmosphère calme requise soit assurée. Pour les réunions traitant de méthodes et d'objectifs généraux, un groupe d'une quarantaine de personnes semble convenir. Mais lorsque des décisions détaillées doivent être prises, un petit comité de trois à six personnes pourra être nécessaire. Cette sorte de comité n'est pas nouvelle. Si nous examinions la multitude de comités existants, nous trouverions probablement que ceux qui font le meilleur travail le font sans voter. Ils décident sur la base du consentement mutuel. Si un vote devait avoir lieu dans un si petit groupe, cela voudrait vraisemblablement dire que l'ambiance est mauvaise.

Le leadership a une importance toute particulière dans la gouvernance sociocratique. Sans un véritable leader, l'unanimité ne peut pas être facilement atteinte. Il s'agit d'une certaine technique qui doit être apprise. Ici l'expérience des quakers est très éclairante. Observons une réunion d'affaires1 quaker. Le groupe se réunit dans le silence. Devant s'assoit le clerk2, le leader de la réunion. À côté de lui, siège le assistant-clerk qui rédige ce qui a été décidé. Le clerk lit chaque sujet tour à tour, après quoi tous les membres présents — hommes et femmes, jeunes et vieux — pourront en parler. Ils s'adressent à l'assemblée, pas au clerk, chacun contribuant au cheminement de la réflexion. C'est le rôle du clerk, quand il pense que le moment est venu, de partager une ébauche de compte-rendu reflétant le sentiment de l'assemblée. C'est une tâche difficile qui requiert beaucoup d'expérience et de tact pour trouver une formulation qui soit acceptable pour tous. Il arrive souvent que le clerk ressente le besoin d'un moment de calme. L'assemblée dans son ensemble reste alors silencieuse pendant un moment, et souvent, pendant ce silence, jaillit une nouvelle idée, une solution conciliante acceptable pour tous. Il peut paraître incroyable qu'un rassemblement pouvant contenir jusqu'à un millier de personnes puisse fonctionner de la sorte. Et pourtant, j'ai assisté à la réunion annuelle des quakers à Londres tenue en pleine seconde guerre mondiale, où la question épineuse de l'attitude à tenir vis-à-vis de la guerre a été débattue d'une telle manière qu'il n'y a pas eu lieu de tenir de vote. Aussi je crois qu'une fois que l'on s'est efforcé d'apprendre une telle méthode de coopération, en commençant par des sujets très simples, nous devrions être capables d'apprendre cet art et d'acquérir une pratique nous permettant de traiter des questions plus difficiles.

Ceci s'est confirmé lors de mon expérience à Bilthoven en construisant l'école que j'ai baptisée L'Atelier de la communauté des enfants. Tout au début, j'ai suggéré que nous débattions de la manière d'organiser notre vie au sein de la communauté. De prime abord, les enfants ont rejeté l'idée, me demandant de prendre les décisions à leur place. Mais j'ai insisté, et l'idée de la « Discussion », ou réunion hebdomadaire, a été acceptée. Plus tard j'ai suggéré qu'un des enfants m'aide à conduire cette réunion, et depuis lors c'est devenu une institution pilotée par les enfants, que nous n'aimerions pas perdre.

Célébration du 25e anniversaire de l'École Werkplaats fondée par Kees BoekeQuand j'ai commencé à tenir ces « Discussions », j'étais conscient d'utiliser la méthode de conduite de réunions des quakers, et je voyais en arrière-plan, le grand problème de la gouvernance de l'humanité. J'étais aussi curieux de découvrir si l'art de vivre ensemble, entendu dans le sens d'obéir à une règle à laquelle tout le monde a adhéré, serait suffisamment simple pour être appris par des enfants. Au bout de vingt ans, l'expérience est concluante.

Mais quelque chose de plus est nécessaire avant que cette méthode ne puisse s'appliquer à la société adulte. Lorsqu'il s'agit d'organiser ainsi la vie, non pas d'un groupe d'une centaine, mais de milliers voire de millions de personnes, il faut accepter le principe d'une certaine forme de représentation. Il devra y avoir des réunions de plus haut niveau et celles-ci devront avoir la charge de sujets de plus grande envergure. Les réunions de plus haut niveau devront également envoyer des représentants à une autre instance plus élevée responsable de problématiques plus vastes encore, et ainsi de suite.

Après que mes espoirs pour le succès des réunions d'école ont été confirmés par la pratique, j'étais très curieux de savoir si le principe des réunions de représentants allait aussi fonctionner dans ce contexte. Un jour que le nombre d'enfants était devenu trop grand pour que tous puissent être présents à une même réunion, j'ai suggéré la tenue d'une réunion de représentants. Au début, les enfants n'aimèrent pas l'idée ; les enfants sont conservateurs. Mais, comme cela arrive souvent, six mois plus tard, ils suggéreraient eux-mêmes cette solution, et depuis cette institution est devenue un élément régulier de la vie de l'école.

Bien sûr, de telles réunions, si elles étaient pratiquées par des adultes pour l'organiser la société tout entière, seraient très différentes de celles tenues au sein de la communauté des enfants. Mais comment introduire de telles méthodes dans la pratique ? Tout d'abord, une réunion de voisinage, composée peut-être d'une quarantaine de familles, pourrait être initiée dans un quartier particulier, rassemblant des personnes vivant suffisamment proches les unes des autres pour se rencontrer facilement. Dans une ville, il arrive fréquemment que les gens ne connaissent pas leurs voisins, et il serait bénéfique qu'ils soient forcés de s'intéresser à ceux qui vivent à leurs côtés. Une réunion de voisinage pourrait rassembler environ 150 personnes, y compris les enfants. Une quarantaine de ces réunions de voisinage enverraient des délégués à une assemblée de circonscription représentant au total environ 6000 personnes. En général, il est vrai que plus grande est la circonscription que l'assemblée gouverne, moins fréquents sont les besoins de se réunir. Les représentants de 40 réunions de circonscription pourraient se réunir à une assemblée de région décidant pour le compte de près de 240 000 personnes.

En 40 ou 50 réunions de région, la population entière d'un petit pays pourrait être représentée. Une réunion centrale réunirait les représentants des réunions de région. Il est essentiel que les représentants aient la confiance de tout le groupe ; dans ce cas, les affaires pourraient être menées rapidement et efficacement.

Comme toute la méthode de la sociocratie repose sur la confiance, il n'y aurait aucun inconvénient à ce qu'en parallèle des réunions de voisinage, de circonscription, de région et de pays, coexiste un second jeu de groupes fonctionnels. Il semble raisonnable que toutes les industries et les professions envoient des représentants à des réunions primaires, puis secondaires et si nécessaires tertiaires, et que les représentants investis de la confiance de leur secteur soient disponibles pour donner un avis professionnel au gouvernement. J'utilise ici le terme de gouvernement. Ce n'est pas mon intention de bâtir un plan selon lequel le gouvernement lui-même pourrait se mettre un jour en ordre sociocratique. Nous devons faire avec la situation actuelle, et la seule possibilité est que, avec l'accord du gouvernement, nous commencions un début de sociocratie du bas vers le haut, ce qui revient à dire former des groupes de voisinage. Nous autres, gens ordinaires, devons juste apprendre à parler de nos intérêts communs et à atteindre un accord après un calme examen des points de vue, et ceci peut être mieux fait à proximité de là où nous vivons. Après en avoir mesuré la difficulté et après avoir, probablement, commis des erreurs, nous pourrons mettre sur pied des réunions de plus haut niveau. Si des leaders apparaissaient dans les réunions de voisinage, leur avis pourrait progressivement être perçu comme utile dans les conseils municipaux. Ensuite, de la même manière, les avis des leaders de réunions de circonscription pourraient avoir une valeur de plus en plus grande.

La méthode sociocratique doit se recommander de l'efficacité qu'elle produit. Lorsque le pouvoir en place aura appris à lui faire confiance de sorte qu'il autorise, peut-être même qu'il encourage, la mise en place de réunions de voisinage, le système pourra alors démontrer quelles sont ses capacités, et ainsi la confiance dans le système du corps gouvernant et des gens ira vraisemblablement en grandissant. Je pense même que les leaders et les représentants investis de confiance pourraient être autorisés, voire invités aux conseils municipaux. Ces femmes et ces hommes ne prendraient bien sûr pas part aux votes car la sociocratie ne croit pas aux votes, mais ils pourraient être autorisés à prendre place entre la Droite et la Gauche. Au bout d'un certain temps, il pourra même sembler intéressant de leur demander leur avis sur le sujet traité, puisqu'il aura été abordé en réunion de voisinage et qu'une solution acceptable par tous aura émergé. Il est concevable qu'avec l'établissement de la confiance, certains sujets soient renvoyés aux réunions de voisinage en leur donnant les fonds nécessaires pour les traiter. Ce sera seulement lorsque la valeur de ce nouveau système sera démontrée que des réunions de plus haut niveau pourront se mettre en place.

Un tel développement est-il un fantasme ? Quand nous considérons la possible réussite de la gouvernance sociocratique, une chose est certaine ; elle est impensable si elle n'est pas soutenue et accompagnée par l'éducation réfléchie des jeunes et des vieux aux principes sociocratiques. Une éducation appropriée est essentielle, et une véritable révolution est nécessaire dans nos écoles. Ce n'est que très récemment que des tentatives ont été faites d'accompagner le développement spontané de l'enfant et d'encourager ses initiatives. C'est en partie parce que la vocation de l'école est de transmettre du savoir et des compétences, et en partie parce que l'obéissance est perçue comme une vertu en soi et que les enfants doivent être éduqués à obéir. Nous sommes seulement en train de réaliser les dangers de cette pratique. Si les enfants ne sont pas encouragés à réfléchir par eux-mêmes, ils seront plus tard dans la vie des proies faciles pour les dictateurs. Mais si nous voulons réellement préparer la jeunesse à penser et à agir par elle-même, nous devons revoir notre attitude vis-à-vis de l'éducation. Les enfants ne devront plus être assis passivement en rangs pendant que le maître leur dispense une leçon. Ils devront être capables de se développer librement dans des communautés d'enfants, guidés et aidés avec camaraderie par les plus âgés. L'initiative devrait être encouragée de toutes les façons possibles. Les enfants devraient apprendre dès le début à faire des choses par eux-mêmes et à faire des choses nécessaires à la vie de l'école. Mais par-dessus tout, ils devront apprendre comment gérer leur propre communauté de la manière décrite plus haut.

Au, final nous devons revenir sur la question de la représentation. Nous nous sommes arrêtés au niveau du gouvernement de notre pays. Mais le plus grand problème de l'humanité ne peut être résolu sur une base nationale. Chaque pays est dépendant des autres en ce qui concerne les marchandises et les matières premières. Il est donc inévitable que le système de représentation s'étende à tout le continent, et que ses représentants rejoignent une réunion mondiale pour gouverner et organiser le monde. Nos connaissances techniques en matière de transport et d'organisation rendent possible quelque chose de cette sorte. Une réunion mondiale pourrait inviter des représentants de tous les continents pour concevoir une distribution raisonnable des matières premières et des produits facturés de façon à ce que l'humanité tout entière en bénéficie. Tant que nous serons gouvernés par la peur et le manque de confiance, il sera impossible de résoudre les problèmes du monde. Plus la confiance augmente et plus la peur diminue, plus les problèmes reculent.

Tout dépend de la diffusion d'un nouvel état d'esprit parmi les êtres humains. Après des siècles de peur, de suspicion et de haine, nous avons besoin que se répande de plus en plus un esprit de réconciliation et de confiance mutuelle. La pratique constante de l'art de la sociocratie et l'éducation nécessaire à son fonctionnement semblent la meilleure façon de diffuser cet esprit, sur lequel repose la véritable solution aux problèmes que le monde affronte.

__________

Notes du traducteur :
1. Les quakers appellent réunion d'affaire une rencontre au cours de laquelle des décisions doivent être prises. Ces réunions sont considérées comme des réunions de culte particulières.
2. Le clerk est le modérateur d'une réunion d'affaire quaker et le représentant légal de son groupe. En français, le terme secrétaire est parfois utilisé, mais donne une vision appauvrie du rôle. Le terme président est par contre proscrit, Dieu seul présidant les réunions des quakers.

Les opinions émises dans cet article sont celles de l'auteur et n'engagent aucunement IDEOdynamic®.